Le Tourisme Responsable en Pleine Mutation : Décryptage avec Jean-Christophe Guérin, Président d’ATR

Le monde du voyage est en constante évolution, et avec lui, la conscience de notre impact sur la planète et les communautés locales. Au cœur de cette transformation se trouve Agir pour un Tourisme Responsable (ATR), une association pionnière qui fête ses vingt ans. Son nouveau président, Jean-Christophe Guérin, figure emblématique du secteur, nous éclaire sur les défis et les ambitions d’un tourisme plus éthique et durable. Loin des clichés, il dessine les contours d’une approche pragmatique et inclusive, essentielle pour l’avenir de nos explorations.

ATR : Une Évolution au Service d’un Tourisme Plus Large

Fondée en 2004, ATR a toujours eu pour mission de promouvoir un tourisme respectueux. Jean-Christophe Guérin, qui a vu naître l’association, en prend aujourd’hui les rênes avec une vision claire : consolider les acquis tout en ouvrant l’association à une diversité d’acteurs. L’objectif n’est plus de rester cantonné aux voyagistes d’aventure, mais d’intégrer distributeurs, groupistes, réceptifs et agences jeunes publics.

Un Engagement Renforcé pour Tous les Membres

Cette ouverture n’est pas synonyme de dilution des engagements, bien au contraire. ATR a mis en place un « parcours adhérent » rigoureux. Chaque nouveau membre s’engage dans une stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) proactive, bénéficiant d’un accompagnement solide. Ce parcours inclut des formations obligatoires, une évaluation carbone de leur structure, l’élaboration d’une stratégie de réduction et la participation active à des commissions de réflexion (Préservation, Destination, Carbone, Inclusivité, Communication, Évaluation). La certification n’est plus l’unique critère, mais une brique parmi un ensemble d’outils visant à garantir une démarche globale et vérifiable.

Briser les Idées Reçues sur le Voyage Responsable

Jean-Christophe Guérin insiste sur un point crucial : le tourisme responsable ne se limite pas à certaines pratiques. Marcher ou faire du vélo n’est pas intrinsèquement « responsable » si cela conduit à la surfréquentation de sites fragiles ou à des impacts carbone importants sur les trajets. Les « boulevards touristiques » créés par un tourisme lent mal géré peuvent tout autant nuire à l’authenticité des rencontres et aux bénéfices locaux. ATR s’efforce d’entraîner l’ensemble de la profession à questionner toutes les pratiques, y compris celles qui semblent vertueuses au premier abord.

La Certification Travelife : Une Reconnaissance Internationale

Pour s’adapter à cette diversité et gagner en visibilité internationale, ATR a choisi de s’aligner sur la certification Travelife. Cette plateforme reconnue mondialement offre trois niveaux d’engagement, permettant de s’adapter aux spécificités de chaque membre. L’objectif est de parler un langage commun avec la communauté du tourisme international, renforçant ainsi la crédibilité des démarches.

Au-delà du Label : Sensibiliser et Agir Concrètement

Si les sondages montrent un intérêt croissant pour le tourisme responsable, la réalité de l’acte d’achat est plus nuancée. Pour Jean-Christophe Guérin, le label ATR est avant tout un « label d’entreprise », garantissant des processus internes engagés, plutôt qu’un argument de vente direct pour le client.

Mettre en Lumière les « Meilleurs Élèves » du Tourisme Durable

Pour rendre les engagements plus lisibles aux voyageurs, ATR souhaite mettre en avant les voyages les plus exemplaires de ses membres, ceux qui excellent en matière de tourisme responsable. Cette approche concrète permet de faire de la pédagogie et de montrer des produits où l’impact positif est palpable. La sensibilisation des équipes en interne (fresque du climat) et des clients est également une priorité, allant au-delà de la simple apposition d’un logo.

Les Grands Chantiers d’ATR : Carbone, Animalier et Inclusivité

L’association s’attaque à des sujets complexes et souvent tabous, avec une approche nuancée et basée sur l’expertise.

L’Épineuse Question de l’Impact Carbone

Sur la question du carbone, ATR adopte une position ferme : il est impératif d’arrêter de se voiler la face. Un parcours carbone balisé est obligatoire pour tous les membres, incluant un bilan des émissions et un engagement dans une réflexion de réduction. L’association encourage également une « contribution » financière, distincte de la compensation, car la véritable solution réside dans la réduction des émissions à la source. L’expérimentation de « voyager moins souvent – plus longtemps » est une piste explorée, notamment par Fika Voyages, pour encourager des séjours plus longs et plus bénéfiques localement, en particulier pour les destinations lointaines.

Tourisme Animalier : Nuance et Bonnes Pratiques

Le tourisme animalier est un autre sujet délicat. ATR, via sa commission « Préservation » et l’expérience de membres comme Vie Sauvage, développe des outils de sensibilisation aux bonnes pratiques. L’approche est celle de la nuance, évitant les extrêmes et s’appuyant sur l’avis d’experts comme Valérie Valton (Dolphinesse), éthologue engagée. Il s’agit de comprendre les réalités du terrain et les impacts sociaux avant de porter des jugements définitifs.

Un Engagement Continu pour un Impact Positif

ATR mène une multitude d’actions concrètes : couverture sociale des guides, répartition homme-femme, lutte contre la pollution plastique, gestion de la surfréquentation, soutien aux ONG locales. L’association ne prétend pas à la perfection, mais à une volonté collective de travailler sur des sujets sérieux, en adaptant les actions aux problématiques spécifiques de chaque membre.

Les Perspectives d’ATR : Innover et Fédérer

La rentrée est riche en projets pour ATR. L’association renforce ses missions et accueille un nombre croissant d’adhérents.

Nouveaux Projets et Collaborations

Parmi les initiatives phares, ATR lance un partenariat ambitieux avec 1% For The Planet pour créer un fonds de mécénat environnemental. Cet outil permettra aux membres d’orienter leurs contributions vers des ONG œuvrant pour la préservation et la restauration de la biodiversité. Un baromètre des initiatives est également en cours pour mieux connaître les engagements et attentes des acteurs du voyage de groupe. Enfin, le séminaire annuel reste un moment clé pour travailler collectivement sur des thèmes essentiels et renforcer les actions pour un impact positif à destination.

Conclusion : Vers un Voyage Plus Conscient et Précieux

Le chemin vers un tourisme véritablement responsable est long et complexe, mais la vision de Jean-Christophe Guérin et l’action d’ATR montrent une détermination sans faille. En s’ouvrant, en éduquant et en engageant concrètement ses membres, l’association trace la voie d’un voyage plus conscient, plus long, plus rare et, in fine, plus précieux. C’est une invitation à repenser nos habitudes de voyage, à privilégier la qualité à la quantité, et à faire de chaque exploration une opportunité d’impact positif. Le futur du tourisme durable est en marche, et il nous concerne tous.

4 réflexions au sujet de “Le Tourisme Responsable en Pleine Mutation : Décryptage avec Jean-Christophe Guérin, Président d’ATR”

  1. Très intéressant article qui met bien en lumière la vision pragmatique et pourtant ambitieuse d’ATR. Jean-Christophe Guérin semble prendre les rênes avec une clarté bienvenue, surtout quand il s’agit de briser les idées reçues. J’apprécie particulièrement l’approche sur le « voyager moins souvent – plus longtemps ». C’est une vraie proposition de valeur, un changement de paradigme même, qui va au-delà du simple éco-geste et attaque le problème à la racine du bilan carbone tout en enrichissant l’expérience du voyageur.

    Le défi sera, je pense, de traduire ce label d’entreprise en un argument consommateur clair et séduisant. Comment faire comprendre au grand publique que derrière le « label ATR », il y a tout ce parcours adhérent rigoureux, sans que cela ne devienne juste un énième logo sur un site ? Mettre en avant les « meilleurs élèves » est une bonne idée pour ça. En tout cas, ça fait plaisir de voir une association comme ATR s’engager avec autant de nuance sur des sujets aussi complexe que l’impact carbone ou le tourisme animalier. Un chemin long, mais essentiel pour l’avenir de nos explorations, comme le dit si bien l’article. Bravo pour ces 20 ans et pour cette nouvelle impulsion !

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  2. Félicitations à ATR pour ses 20 ans et à Jean-Christophe Guérin pour cette nouvelle impulsion ! C’est vraiment passionnant de voir comment l’association élargit son spectre au-delà des voyagistes d’aventure. L’intégration des distributeurs, groupistes et agences jeunes publics, c’est une sacrée ambition et une très bonne chose pour démultiplier l’impact du tourisme responsable.

    Ce qui me frappe, c’est à quel point le « parcours adhérent » est rigoureux. Ça va bien au-delà d’une simple adhésion, c’est un véritable engagement de l’entreprise, avec formations, évaluation carbone et commissions de réflexion. On sens que ce n’est pas juste un label apposé mais une vraie démarche de fond, ce qui est crucial.

    Par contre, je me demande comment tous ces nouveaux types d’acteurs, avec des modèles économiques et des contraintes très différentes, vont s’approprier ces outils et ces exigences. Notamment pour les agences jeunes publics, rendre le voyage responsable accessible et attractif sans exploser les budgets, c’est un défi de taille ! C’est un peu le revers de la médaille de la question qu’Antoine soulevait sur la traduction du label d’entreprise pour le grand public. Mais c’est justement là que l’accompagnement d’ATR peut faire la différence.

    J’ai aussi noté le partenariat avec 1% For The Planet. C’est une excellente initiative pour concrétiser les contributions environnementales et soutenir des actions locales. Ça montre bien qu’ATR agit sur tous les fronts. Un article qui donne vraiment envie de suivre de près l’évolution de ce tourisme plus conscient et précieux. C’est le chemin à prendre !

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  3. J’ai vraiment apprécié la profondeur de cet article, qui va bien au-delà des discours habituels sur le tourisme durable. Ce qui ressort le plus, c’est la volonté d’ATR de ne pas simplifier les choses et d’adopter une approche nuancée, même sur les sujets les plus sensibles comme le tourisme animalier ou la gestion du carbone. Jean-Christophe Guérin a l’air de vouloir casser les clichés, et c’est rafraichissant de lire ça. Le fait de questionner toutes les pratiques, même celles qui semblent vertueuses au premier abord (le tourisme lent qui crée des boulevards touristiques, par exemple), montre une vraie maturité dans la démarche.

    Je trouve particulièrement intéressant l’accent mis sur les actions très concrètes, au-delà des grandes stratégies. La couverture sociale des guides, la lutte contre la pollution plastique, ou encore la gestion de la surfréquentation… Ce sont des points essentiels qui touchent directement à l’impact local et au bien-être des populations. Cela prouve qu’ATR ne se contente pas de belles paroles mais s’attache à des changements de fond. C’est peut-être ça qui rend le label d’entreprise si puissant, comme l’évoquait Antoine. Ce n’est pas juste une étiquette, mais la preuve d’une transformation interne profonde et continue, avec tout le parcours adhérent qui va derrière.

    Le défi reste de taille, surtout pour nous, les voyageurs. Repenser nos habitudes, voyager « moins souvent – plus longtemps » et privilégier la qualité, ce n’est pas facile dans un monde où tout va vite. Mais l’idée d’un voyage « plus conscient, plus long, plus rare et, in fine, plus précieux » est vraiment inspirante. J’espère que l’accent mis sur la sensibilisation des équipes et des clients portera ses fruits. Il faut continuer à éduquer, montrer des exemples concrets de voyages positifs, pour que ce mouvement s’accélère. Un grand bravo pour ces 20 ans et pour cette vision aussi claire que complexe.

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  4. Super article qui met bien en lumière la feuille de route d’ATR ! Ce que j’ai trouvé vraiment percutant, c’est cette volonté d’ouverture vers une plus grande diversité d’acteurs, tout en renforçant l’engagement. Les commissions de réflexion mentionnées (Préservation, Destination, Carbone, Inclusivité…) montrent bien qu’ATR n’est pas juste un organisme certificateur, mais un véritable hub de pensée et d’action collective. C’est ça qui va permettre d’entraîner tout un écosystème, pas seulement les pionniers.

    Je suis tout à fait d’accord avec Jean-Christophe Guérin sur le fait qu’il s’agit d’un « label d’entreprise » avant tout. Pour moi, ça renforce la confiance. En tant que consommateur, savoir qu’une entreprise a un parcours RSE aussi rigoureux en interne, avec des formations obligatoires et une évaluation carbone, c’est beaucoup plus parlant qu’un simple logo apposé sur un produit. Ça montre une démarche de fond, une conviction, et pas juste du greenwashing facile. C’est exigeant, c’est sûr, mais c’est le prix à payer pour un changement réel.

    Le partenariat avec 1% For The Planet est aussi une excellente initiative, qui concrétise l’engagement financier au-delà de la simple bonne volonté. Ça permet d’allouer des ressources concrètes à des projets environnementaux sur le terrain. Après, reste le défi, comme l’évoquait Antoine, de rendre cette profondeur d’engagement visible et attractive pour le voyageur lambda. Mais en mettant en avant les meilleur élèves et en sensibilisant, je pense que le message finira par passer. Un grand bravo pour ces 20 ans et cette vision aussi pragmatique que nécessaire.

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